Open source et partageLa diffusion des plans originaux de R2 n’aurait pas été aussi fulgurante sans Internet. Le club échange d’ailleurs principalement via les forums. L’ensemble est partagé gratuitement en open source.
Jean-Michel est fan de Star Wars depuis la sortie du premier épisode en 1977. Dans son garage, il s’était construit une réplique du plus célèbre droïde de l’univers mais ne savait pas comment le faire bouger. Bien des années plus tard, il découvre le club de constructeurs et les rejoint. Son robot est entièrement en aluminium. Sans production industrielle des pièces, il a fait appel à une entreprise de sa région pour réaliser les pièces critiques nécessitant un outillage spécifique, comme le dôme. « J’ai aussi profité du Fablab de Beauvais, malheureusement la ville a décidé de le fermer… »
Perceuse, meuleuse, matériaux : ces outils qui n’ont rien de la science fiction représentent un coût incompréssible mais qui peut être facilement mutualisé. Car l’un des principes fondamentaux de l’association est bien le partage et l’entraide. Ainsi, ils sont quelques-uns à produire certains éléments en plusieurs exemplaires afin de les revendre aux autres membres. Jean-Michel a même créé son statut d’auto-entrepreneur en complément de son « vrai » travail : « Ce sont des pièces à taille originale, dimension Star Wars. »
Quand ils ne récupèrent pas les pièces ou qu’ils ne les créent pas eux-mêmes, les constructeurs peuvent compter sur l’open source. Au cœur du robot, on trouve une carte Arduino qui lui « donne vie ». C’est ce qui permet à la manette de communiquer avec la structure. Un peu comme un jeu vidéo : telle touche provoquera telle action.
Rencontré lors du Paris Manga Sci Fi Show début novembre 2016, Luis participait à son premier salon. Parti d’une structure en bois, « plus facile que de passer par des sociétés pour de la découpe laser ou autre », il a choisi de faire son R2 en noir et violet. Non conventionnel ? « Il en existe des noirs, ceux de l’Empire. Les R2 Q5 sont noir et orange. Mais je voulais changer de couleur. J’ai choisi le violet, la couleur préférée de ma fille. »
Le cœur du robot est un Arduino
Avec la carte Arduino, il contrôle l’ensemble des luminaires au niveau du dôme pilote des cerveaux moteurs qui ouvrent les différentes trapes. « On peut aussi contrôler tout ce qui est son, avec une carte MP3 trieur ; une petite micro SD contient les fichiers. Tout est contrôlé via un Réseau Wi-Fi interne et l’application R2 Touch sur smartphone. Il y a même moyen, avec un peu plus de connaissances de pouvoir réaliser soi-même une application personnalisée. »
Des hauts-parleurs situés à gauche et à droite, sortent les bip de R2, les messages de Leia ou encore l’air de la Cantina. Fan de Star Wars et collectionneur, Luis construit son R2 depuis le 30 octobre 2013. « À un moment on s’intéresse aux répliques à échelle 1. On se renseigne, on voit que des particuliers le font et on se dit : pourquoi pas moi ? »
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Droit à l’image
Souvent sollicité pour apparaître dans des pubs ou des films, le R2-D2 Builders Club refuse systématiquement du fait de leur contrat avec Disney, oral et écrit – qu’ils avaient passé auparavant avec LucasFilm. Il leur est en effet interdit de s’engager financièrement dans certains événements sans leur autorisation. « Si demain quelqu’un dit qu’il veut un robot pour son mariage, précise Raphael, notre club sait qu’il n’a pas le droit parce que le robot fait partie d’un univers spécifique, possédé par Walt Disney. Et on ne peut pas aller contre cet engagement. » Si les robots leur appartiennent, Disney détient les droits à l’image.
Il leur est aussi interdit de faire du « business », comme de vendre leurs robots. « Par contre on peut aller dans les événements caritatifs, comme dans les hopitaux pour les enfants ou pour récolter de l’argent pour d’autres associations. On ne dégage aucun bénéfice. On est « corporate », on fait ce qu’on nous demande et ça ne nous dérange pas. »
Tout se passe au niveau du concil, rassemblant quinze gros membres mondiaux qui se regroupent régulièrement sur Internet et discutent de l’avenir de l’association. Ce sont eux qui prennent des décisions ou s’imposent comme les intermédiaires qui traitent avec Disney. Sur le terrain, cela signifie suivre des règles de bonne conduite comme ne pas boire de l’alcool ou ne pas foncer sur le public avec son droïde… « Quand il y a du monde, on fait attention quand on fait rouler les robots. Il y a toujours trois personnes présentes : un à la mannette, un qui fait attention au public et un qui surveille le stand. »
À l’inverse, lorsque Disney a besoin de droïdes, c’est vers l’association de constructeurs que la multinationale se tourne. Jean-Michel a participé au casting de R2 pour la promotion de Star Wars Episode VII. Il a dû finir son R2 en quinze jours, a soudé toutes les nuits pour y participer. Malgré quelques éléments qui tiennent avec du scotch, il a été sélectionné avec trois autres membres pour l’inauguration des Galeries Lafayettes le 4 novembre 2015.
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Comme dans toutes les associations de fans de Star Wars, les membres participent à la représentation et à la promotion de la marque. Un univers parallèle qui, depuis les années 1970, se développe grâce à ces amateurs bidouilleurs, dignes ambassadeurs rivalisant de créativité et d’inventivité.
Photos : R2-D2 Builder’s Club, réutilisation autorisée pour Numerama
Source: Numerama